L’hôtel Le Maquis et son restaurant L’Arbousier constituent une véritable institution pour les Ajacciens. C’est en ces lieux que l’on célèbre tantôt les succès du cadet au baccalauréat, tantôt les fiançailles du fils aîné. Érigé en 1947, cet hôtel incarne le modèle par excellence de l'établissement familial, doté d’une âme façonnée par l’histoire. La décoration porte les stigmates de cette épopée : des coupures de presse relatent les exploits de Nonce de Salini, l’arrière-grand-père visionnaire qui, épris de ce site idyllique, fit construire cet hôtel que sa fille Ketty géra par la suite avec grand goût. La décoration, éclectique, mélangeant avec hardiesse mobilier de style, objets chinés et souvenirs intimes, témoigne de décennies de coups de cœur accumulés. Fréquenter Le Maquis, c’est ainsi comme rendre visite à une grand-mère affectueuse dans sa somptueuse demeure surplombant la baie d’Ajaccio, les pieds littéralement dans l’eau. Bien que cette aïeule n’officie plus, la villa conserve une ambiance surannée, un charme désuet, chargé d’un certain poids du temps. Les tapis, délavés par les ans, côtoient des moquettes de chambre usées, défraîchies, tachées. Il y a toujours un peu de poussière qui s’éparpille ici et là. Quant à la literie, elle semble figée dans une époque révolue… Le restaurant L’Arbousier ne se distingue guère par son allure : tout comme l’hôtel, il affiche un style passéiste, presque démodé, bien qu’empreint de courtoisie et d’un service attentionné. Dans l’assiette, la cuisine est faite de produits frais, mais elle demeure imprégnée d’une époque révolue, riche et parfois trop lourde, assez fade. Nous avons dégusté la fameuse « symphonie de la mer » composée d’une multitude de poissons crus, suivie d’une fricassée de langouste accompagnée d’une embeurrée de capellini, plat emblématique recommandé par le guide Michelin. Un zeste de citron aurait sans doute sublimé ces produits marins d’une remarquable fraîcheur. Quant à la fricassée de langouste, bien que sa cuisson fût irréprochable, elle s’avéra excessivement beurrée, comme c’était jadis la coutume, rendant le plat à la fois copieux et difficile à digérer. Les pâtes, quant à elles, furent légèrement trop cuites, à la manière de ma grand-mère bourguignonne, excellente cuisinière mais incapable de faire des pâtes Al dente. En guise de dessert, nous avons succombé à un soufflé, dont la légèreté et la finesse semblaient racheter l'ensemble du dîner, qui, jusque-là, avait cruellement manqué de ces qualités essentielles. En somme, cet hôtel propose une immersion totale dans une autre époque, offrant une expérience balnéaire comme dans les années 60. Le charme opère certes, mais il est difficilement compatible avec les attentes contemporaines d’un hôtel cinq étoiles et à ses tarifs élevés. Aux propriétaires, s’il vous plaît, permettez-moi cette suggestion : il est temps de faire un choix. Ou bien ajustez les prix à cette atmosphère surannée, ou bien modernisez l’établissement, par
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